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situation qui risquerait, en se prolongeant, de la compromettre, et qu’elle ne comprend pas. Comme elle me l’a dit très justement, il y a là un malentendu certain. Elle est veuve. Elle est prête à donner sa main à M. Brissonnet. Elle ne veut pas, de sa part à lui, d’une attitude qui pourrait faire croire aux malveillants qu’elle n’est qu’une coquette, et elle se plaint qu’il ait pris, vis-à-vis d’elle, cette attitude. Il sait, comme tout le monde, qu’elle est libre. Il n’a qu’à ouvrir les yeux pour constater comme tout le monde encore, malheureusement, qu’il ne lui déplaît pas. Ses assiduités sont inexplicables s’il ne s’intéresse pas à elle, et il ne se prononce pas. Il peut y avoir bien des motifs à cette abstention : une liaison cachée qu’il hésite à rompre, la pudeur de sa trop modeste position de fortune… Que sais-je ?… Agathe s’en est d’abord étonnée. Maintenant elle s’en tourmente, je répète le mot, et elle a raison de s’en tourmenter. Il lui a paru nécessaire de mettre fin à des commentaires dangereux, en avertissant celui qui en est la cause, sans aucun doute, inconsciente. M. Brissonnet ne doit pas être rendu responsable de médisances qu’il ne soupçonne pas. Il faut qu’il les connaisse, et que, les connaissant, il se décide à prendre un parti. C’est l’idée d’Agathe, et que je trouve absolument sage… Elle a hésité à provoquer elle-même une explication de cette nature. Encore là