Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/138

Cette page n’a pas encore été corrigée

montrer diffère de celui que vous connaissez, ou croyez connaître… »

– « Celui que je connais, » répondit Mme de Méris, « a toujours été le meilleur des maris et le plus aimable des beaux-frères… »

– « Ne me parlez pas ainsi… » interrompit Liébaut, presque avec irritation, et il ajouta aussitôt : « Pardon !… À de certaines minutes solennelles, et nous sommes à l’une de ces minutes, les phrases de courtoisie font du mal. On ne peut supporter que la vérité… D’ailleurs, » et son visage exprima une résolution soudaine, presque brutale, celle de quelqu’un qui, voulant en finir à tout prix, renonce d’un coup aux préambules qu’il avait préparés longuement et va droit à son but… « D’ailleurs, à quoi bon revenir sur les maladresses que j’ai pu avoir dans mes rapports avec vous ? Je suis le mari de votre sœur. Nous sommes attachés l’un à l’autre par le lien le plus étroit qui existe, en dehors de ceux du sang. Nous ne faisons, vous, ma femme et moi, qu’une famille. J’ai le droit de vous poser la question qui me brûle le cœur et je vous la pose… Agathe, voici maintenant plus de trois mois qu’un homme est entré dans notre intimité, qu’aucun de nous ne connaissait que de nom auparavant… Chaque semaine écoulée, depuis lors, n’a fait que rendre plus grande cette intimité… Cet homme n’est pas seulement reçu chez vous et chez nous, il