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Le train rapide qui vient de Coire et qui passe à Ragatz vers six heures du soir, était en retard de vingt-cinq minutes. Mais les deux sœurs, en train d’aller et de venir sur le quai de la petite gare, ne pensaient pas à s’en plaindre. Pour la première fois depuis ces deux semaines que Mme de Méris – l’aînée – avait rejoint l’autre, Mme Liébaut qui faisait faire à sa petite fille la cure des eaux de Ragatz, une conversation un peu plus intime s’engageait entre elles. Le sentiment de la séparation, toujours mélancolique et surtout dans le commencement du crépuscule, leur attendrissait-il le cœur ? Cédaient-elles à la douce poésie partout répandue autour d’elles dans le paysage ? Cette longue et verdoyante vallée de Ragatz où le