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madame voulait recevoir, et l’entrée de la visiteuse :

– « Tu lui parleras, mais quand ? »

– « Demain, » répondit Madeleine, « je vais lui écrire qu’il vienne à deux heures… »

– « Merci, » dit Agathe, et comme le bruit du pas de Mme Éthorel montant l’escalier se faisait entendre : « Je vous laisserai seules. La Vieille Beauté vient te raconter que je me compromets, tu verras… Va ; il est nécessaire d’en finir… »



Un quart d’heure ne s’était pas écoulé et la « Vieille Beauté », comme la jeune veuve avait appelé la nouvelle venue avec l’insolence de ses trente ans, était en effet occupée à rapporter perfidement à la sœur cadette les propos de leur monde sur la cour que l’officier faisait par trop ouvertement à la sœur aînée. L’indiscrète ne devinait pas quel retentissement chacune de ses paroles avait dans cette sensibilité si blessée. Mais qui devine les souffrances des autres, alors même que ces autres nous tiennent de tout près au cœur ? Crucifiée par les propos de Mme Éthorel, si inconsidérés dans leur malveillance, Madeleine ne se