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et Georges, sa fille et son fils, – et aussi par son affection si réelle pour leur père ? N’était-ce pas déjà une félonie que d’éprouver, même pour la combattre, cette sympathie passionnée, et à l’égard de qui ?… Non. Madeleine ne pouvait pas transmettre le message que sa sœur lui demandait. Un tel entretien était ou trop douloureux ou trop dangereux. N’avait-elle pas, et le droit de décliner cette souffrance, et l’obligation d’éviter ce péril ? Mais comment formuler ce refus dont la vraie raison devait être à tout prix cachée ? Hélas ! Quelles paroles pouvaient être plus dénonciatrices que la gêne avec laquelle elle répondit évasivement :

– « Tu n’aperçois pas un autre moyen pour te renseigner ?… Ne trouves-tu pas que celui-là risque d’aller contre ton propre désir ?… »

– « Pourquoi ? Je ne comprends pas, « interrogea Agathe.

– « Mais parce qu’aborder un pareil sujet, pour une personne qui te touche d’aussi près que moi, c’est, tout bonnement, offrir ta main… »

– « Et après ?… » répondit vivement Mme de Méris. « Oui, après ? Je n’ai jamais compris que l’on eût de la vanité dans les choses de l’amour. Si M. Brissonnet m’aime, je te répète, cette démarche lui ira droit au cœur, justement pour cela. S’il y trouve de quoi se choquer, – c’est bien cela que tu crains ? – il ne m’aime pas… Je le