Page:Bourget - Les Deux Sœurs, Plon-Nourrit.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée

dès qu’un homme les regarde d’une certaine manière, qu’elles ont inspiré la grande passion. Je ne suis pas non plus de ces fausses modestes qui nient d’être aimées contre l’évidence. J’admets que M. Brissonnet a des façons d’agir qui laisseraient croire qu’il est épris de moi, mais j’affirme qu’il en a d’autres qui démentent totalement cette première hypothèse. Et voici pour moi la pierre de touche : oui ou non, suis-je libre ? Que l’on hésite à se déclarer quand on s’est attaché à une femme que l’on ne peut pas épouser, c’est très naturel. Mais quand on aime une veuve, qui n’a aucune raison de ne pas désirer refaire sa vie, et quand elle nous montre la sympathie que je lui montre, il n’y a pas de timidité qui tienne… Ou bien on lui demande sa main, ou bien l’on s’ouvre à quelqu’un, on tâte le terrain, avant de hasarder la démarche définitive. Il a Favelles. Il a mieux que Favelles… Qui ? Mais toi-même. N’es-tu pas la confidente désignée pour un pareil message ? Or, a-t-il parlé à Favelles ? Non… T’a-t-il parlé ? Non encore… Que veux-tu que je conclue ? »

– Qu’il te trouve peut-être trop riche pour lui, répondit Madeleine, tout simplement. Ce scrupule serait pourtant bien dans son caractère… »

– « Il ne se serait pas laissé aller à nous fréquenter, dans ce cas, » interrompit Agathe en