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l’émotion avec laquelle sa secrète rivale lui demandait, prenant texte de cette allusion au commun objet de leurs pensées : Vérifier rênée avec Walter. – « Il n’y a rien de nouveau de ce côté-là ? Il m’a semblé, quand tu es entrée, que tu étais toute contrariée de ne pas me trouver seule… »

– « Un peu, » dit Agathe, « mais puisque Favelles a compris et qu’il est parti, tout est bien… Tu ne t’es pas trompée d’ailleurs. C’est vrai que j’ai un grand service à te demander, » reprit-elle après une pause durant laquelle une agitation singulière parut la dominer. « J’ai bien hésité, il s’agit d’une démarche si en dehors de toutes les habitudes !… Mais je crois que tu jugeras comme moi : elle est devenue nécessaire… »

– « Tu sais bien que je suis toujours là pour t’aider, ma grande, répondit Madeleine, qui prit la main de son aînée et la serra. Sa main à elle était si brûlante qu’Agathe perçut la chaleur à travers son gant.

– « Tu as la fièvre ?… » dit-elle. « Tu n’es pas bien ?… »

– « Moi ? » fit Madeleine. « Quelle idée !… Je suis un peu fatiguée parce que j’ai commis l’imprudence, ne dormant pas, de lire une partie de la nuit. Ce ne sera rien… » ajouta-t-elle, en rougissant un peu. Depuis ces dernières semaines, il était arrivé souvent que Mme de Méris l’avait regardée avec des yeux inquisiteurs, comme