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LE DISCIPLE

dont il lui serait donné connaissance ; » en second lieu, une carte portant le nom de Mme veuve Greslou et demandant que M. Sixte voulût bien la recevoir le lendemain vers quatre heures, « pour l’entretenir du crime dont était accusé à faux son malheureux enfant. » J’ai dit que le philosophe ne lisait jamais aucun journal. S’il en eût seulement ouvert un au hasard depuis quinze jours, il y eut trouvé des allusions à cette histoire du jeune Greslou que de récents procès ont fait oublier. Faute de ce renseignement, la cédule de citation et le billet de la mère ne lui offrirent aucune espèce de sens précis. Cependant, par le rapport entre cette citation et le mot de la mère, il se rendit compte que les deux faits étaient probablement connexes, et il pensa aussitôt qu’il s’agissait d’un jeune homme, d’un certain Robert Greslou, qu’il avait connu, l’année précédente, dans des circonstances d’ailleurs très simples. Mais, précisément, ces circonstances contrastaient trop avec toute idée d’un procès criminel, pour que ce souvenir guidât en aucune manière les hypothèses du savant, et il demeura longtemps à regarder cette cédule tour à tour et cette carte, en proie à l’inquiétude presque douloureuse que le moindre événement d’un ordre très inattendu et très obscur inflige aux hommes d’habitude.

Robert Greslou ? — M. Sixte avait lu ce nom pour la première fois, voici deux ans, au bas d’un