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LE DISCIPLE

d’humbles destinées. Fais-moi l’honneur de croire que je n’ai pas spéculé sur des drames qui ont fait souffrir, qui font souffrir trop de personnes. Les moralistes dont c’est le métier de chercher les causes rencontrent parfois des analogies de situations qui leur attestent qu’ils ont vu juste. Ils aimeraient mieux alors s’être trompés. Que je voudrais, moi, pour me citer en exemple, qu’il n’y eût jamais eu dans la vie réelle de personnages semblables, de près ou de loin, du malheureux Disciple qui donne son nom à ce roman ! Mais s’il n’y en avait pas eu, s’il n’y en avait pas encore, je ne t’aurais pas dit ce que je viens de te dire, jeune homme de mon pays, à qui je voudrais avoir été une fois bienfaisant, par qui je souhaite passionnément d’être aimé, — et de le mériter.

P. B.
Paris, 5 juin 1889.