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si gentille pour lui. Il l’aime tant. Alors, peut-être saura-t-elle quelque chose… »

– « Quelque chose, sur quoi ? » interrogea Laurence : « À propos de Virgile ? On veut le remettre à la journée ? »

Le personnage qui répondait à cet idyllique prénom de Virgile populaire et légendaire souvenir, dans cette Provence latine, du plus latin des poètes – était un garçonnet de treize ans, dont le nom de famille était Nas. Couture l’employait, depuis deux années environ, à son domaine, par une de ces jolies charités comme les simples savent en avoir. Virgile était orphelin de mère. Son père s’était remarié. Dès ses neuf ans, Nas avait dit à son fils :

– « Si tu veux manger ton pain, va te le gagner. »

Il avait loué le petit, comme une bête de somme, à celui-ci, à celui-là, et Virgile avait vécu, besognant à droite, besognant à gauche, rentrant le soir au logis paternel