Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/93

Cette page n’a pas encore été corrigée

voix, de sentir cette femme bouger, respirer, vivre ! L’ardeur de cette longue lutte solitaire contre une tentation enfin victorieuse avait frémi dans son accent pour répondre à sa mère, au cours de la discussion qui avait suivi l’aveu inattendu de son déraisonnable dessein, Mme Libertat l’avait trouvé si buté qu’elle avait appréhendé une violente rupture avec elle, si elle se butait aussi à lui dire un « non » sans appel. Armé du Code, il passerait outre. Il la tenait à sa merci, étant le maître de la fortune. Elle avait jugé plus prudent de gagner du temps en biaisant, et elle avait accepté l’offre que Pierre lui avait faite de lui présenter Mademoiselle Albani hors de son cadre de famille. Il lui avait raconté l’histoire de la romanesque adoption dont elle avait été la victime plus que la bénéficiaire, et les dix-huit mois passés dans la haute société anglaise et cosmopolite.

– « C’est une Dame, » avait-il conclu, «