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et ses silences. Autant de signes que la fantaisie éveillée par la beauté de la jeune fille s’était, par la résistance et la réserve, exaspérée jusqu’à suspendre en lui tout autre intérêt. Plus il avait approché Laurence, plus il s’était convaincu que toute tentative de séduction échouerait contre tant d’honneur, de délicatesse et de pureté. Plus aussi le charme original de cette créature, mi-paysanne et mi-citadine, avait ensorcelé son imagination. Autour de ce désir sans cesse grandissant, un travail sentimental s’était accompli en lui. L’idée qu’il fallait ou renoncer à Laurence ou en faire sa femme s’était imposée à son esprit avec une évidence chaque jour plus impérieuse. Une par une, toutes les objections contre une pareille mésalliance étaient tombées devant les sourires, les gestes, les regards du fantôme qui l’obsédait quand il était loin de la petite maison Albani ; et, quand il était prés d’elle, quelle douceur d’entendre cette