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pas germé encore, sans quoi la jeune fille aurait-elle repoussé son humble amoureux quand il avait demandé sa main ? Et aurait-elle eu avec Pierre des façons si engageantes qu’il avait pu lui dire, la veille du jour où cette histoire commence :

– « Ma mère désire beaucoup vous connaître. Elle m’a chargé de vous prier à goûter demain avec elle à Hyères ? »

D’instinct et sans réfléchir, Laurence avait répondu qu’elle viendrait. Depuis ces vingt-quatre heures, la perspective de ce rendez-vous l’agitait nerveusement. Pourquoi cette présentation ? Que signifiait-elle, sinon que Mme Libertat s’inquiétait des rapports de son fils avec une inconnue ? Et d’où cette inquiétude, sinon de l’idée qu’il pensait à un mariage ? Que la grande bourgeoise de Toulon n’eût pas employé, pour contenter cette curiosité, le procédé le plus naturel, semblait-il : venir simplement chez les Albani et y acheter des fleurs, comme