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si vifs, si mobiles, et qui donnaient à son profil aigu une physionomie d’un joli oiseau de proie, regardaient sans jamais s’y plaire les nuances du ciel reflétées dans le miroir des marais salants, la longue ligne des pins maritimes toute noire sur l’azur sombre de la mer, la gloire du soleil sur l’église de Notre-Dame-de-Consolation, si blanche au sommet de sa verte colline. Pascal Couture, le simple cultivateur, éprouvait, lui, ces impressions, toujours neuves pour lui comme pour Laurence. Il y avait du poète dans ce terrien. Quand les deux hommes se trouvaient l’un auprès de l’autre, ces prises de contact, quoique rares, étaient inévitables, – Laurence pouvait bien bouder Couture de ce qu’il cachait trop peu sa jalousie de son élégant rival. Au fond, elle sentait qu’elle préférait le jardinier, qu’il était plus près d’atteindre en elle ce petit point le plus secret, le plus intime de l’âme, où germe la graine d’amour. La graine n’avait pourtant