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– « Tu vas servir M. Libertat, Laurence, » avait dit la mère, qui connaissait de vue le Toulonnais, et par vanité de produire la plus avenante de ses deux filles. Le choix du jeune homme avait hésité, de manière à prolonger indéfiniment la visite, entre les œillets blancs et rouges, safranés et mauves, lie de vin et panachés. Le lendemain, il reparaissait pour un autre envoi d’autres fleurs, puis le surlendemain. Un matin, comme Laurence entrait dans la boutique de l’antiquaire à qui elle vendait ses boîtes, elle y avait trouvé Pierre Libertat, signe trop visible d’une enquête autour de ses faits et gestes. Il avait, cette fois, laissé son petit automobile au coin de la rue, et, sorti du magasin avec elle, il lui avait offert de la reconduire. Elle avait refusé. Elle l’avait vu alors regarder de côté et d’autre, s’assurer que la rue était déserte, et tirer de sa poche une lettre qu’il lui avait tendue.