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de son corps trapu, mais trop petit, comme tassé sur ses jambes inégales. Plusieurs fois, lady Agnès l’avait, sur la recommandation de sa protégée, fait venir à Mireio Lodge, quand Millicent Vernham était prisonnière de la chambre, pour distraire la malade par ses originales romances, et elle l’accueillait de son joli sourire en lui disant les deux vers de Mistral :

Noro, an ! dau ! tu que tant ben cantes,
Tu que, quand vos, l’ausido espantes…[1].

Ce souvenir, qui associait Pascal Couture à une si chère image, attirait Laurence vers lui et l’éloignait tout ensemble. À quelques instants de distance, et sans que l’amoureux pût en comprendre la cause, elle se montrait pour lui toute gentillesse et, soudain, toute réserve, toute froideur. Elle

  1. « Allons ! Nore, toi qui chantes si bien, — Toi qui, quand tu le veux, émerveilles l’ouïe… »
    (Mireille, chant II.)