Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/64

Cette page n’a pas encore été corrigée

jeune, n’avait su ni reconnaître, ni interdire cette tyrannie de la plus grande de ses filles sur la plus petite. Quand lady Peveril, prévenue par dépêche, était arrivée à Vernham Manor, Laurence, elle, avait aussitôt compris quelle longue tragédie domestique avait dû être la jeunesse des deux orphelines de mère, l’une presque maladivement sensitive, l’autre affirmée, autoritaire, avec l’implacabilité de ces natures fortes que la nuance de l’émotion, que l’émotion même, irritent comme une mièvrerie. Elle était grande, et belle, encore à cinquante ans d’une beauté presque masculine, avec le teint coloré d’une femme de sport qui passe dix mois de campagne sur douze à chasser, monter à cheval, jouer au golf. La brusquerie de son abord, dès son entrée dans la maison, avait rendu plus pénible à Laurence la prise de possession du home de la morte par cette sœur ennemie. La voix lui avait presque manqué, tant elle