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aurait-elle discerné les sentiments très complexes qui actionnaient cette dangereuse générosité ? Le souvenir de sa fille morte attendrissait la mère de Millicent et lui donnait le besoin de combler, de gâter la charmante créature qu’elle avait vue si pitoyable pour sa chère malade. Il s’y joignait la fantaisie de se faire une compagne à son goût. Séparée de sa famille par une brouille déjà ancienne, elle se trouvait très seule au monde, maintenant. Et puis, elle avait en elle de l’esthétisme, ce goût égoïste des femmes riches qui transforment choses et gens autour d’elles en décors et en figurants. Combien elle s’était amusée, durant ce séjour à Paris, aux naïfs déconcertements de la petite Albani, chez les fournisseurs où elle la menait, pour lui commander tout le détail des objets nécessaires à une complète transformation ! Et la jeune fille se revoyait dans une des chambres du somptueux hôtel de la place Vendôme, où elles étaient descendues,