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et sa sœur, à cueillir des cerises dans le petit verger attenant à la maison, Marie-Louise lui avait soudain crié, du haut de son échelle : « Té ! La dame anglaise dans l’allée ! » La silhouette de lady Agnès s’approchait, en effet, entre les rosiers, une lady Agnès vêtue de noir, toute blanche de cheveux, maintenant. Le chagrin avait creusé ses joues, attendri ses tempes, meurtri ses paupières. « Elle a pris quinze ans de plus, » avait dit encore Marie-Louise. Mais quelle grâce toujours dans ses gestes et dans son regard ! … Puis, les événements s’étaient succédé, si rapides. Ç’avait été, d’abord, la conversation de Laurence avec la revenante, devant qui elle s’était mise – elle en avait eu honte et remords sur le moment – à sangloter d’émotion, elle d’ordinaire si maîtresse d’elle-même, si repliée. Elle entendait la mère de la morte lui murmurer en l’embrassant :

– « Vous l’aimiez donc bien ? »