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que des impressions rares et choisies, une vie tamisée comme la lumière du jour, qu’adoucissaient les petits rideaux de soie vert pâle, tendus aux carreaux d’en bas des fenêtres. Avec quelle grâce elle accueillait l’humble visiteuse ! Celle-ci en avait des larmes au bord des paupières, quand elle se reportait, en souvenir, – c’était le cas, une fois de plus, ce matin-ci, – à cette première visite, aussitôt suivie de tant d’autres.

Et les images ce précipitaient, se multipliaient devant l’esprit de la jeune fille : Millicent Vernham d’abord, dans son lit, de plus en plus malade, sa pâleur sur ses oreillers garnis de dentelle, et, dans ce visage émacié, les larges prunelles fiévreuses des yeux trop grands. Peu à peu. Laurence avait trouvé le moyen de venir aux nouvelles chaque jour, tantôt quand elle allait à la gare pour des colis de fleurs, l’après-midi, tantôt à la brune, le travail du jardin achevé.