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religieux, Laurence pouvait la comprendre. Un jardin lui aurait été donné pour y vivre et non pour en vivre, elle se sentait capable de le disposer ainsi, comme un Éden de corolles et de parfums, au lieu que l’intérieur de la maison, sitôt le seuil passé, lui avait révélé le mystère ensorceleur d’une existence qu’elle ne soupçonnait même pas. Là encore se reconnaissaient les traits d’un caractère profondément, intimement anglais. Partout de vieux meubles de Provence, avec les chaudes teintes brunes de leur noyer ancien, disaient le goût du bibelot local, soigneusement recherché et respecté. Des curiosités ramassées à travers les deux hémisphères disaient, elles, le goût du lointain voyage. Ces soies brodées, sur ce pan de mur, avaient été rapportées du Japon ; des Indes, ce grand Bouddha laqué sur sa fleur de lotus ; de Damas, ces tapis fauves en poil de chameau ; du Maroc, cette aiguière en cuivre ciselé ; d’Italie, ce