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pressait ses maisons autour de la ruine de son château, sous les contreforts colossaux de sa vieille église. À gauche, les montagnes de Toulon découpaient leur masse dénudée. À droite, c’était la mer et les îles, et la jeune fille revivait en imagination cette époque de son existence, si récente à la fois et si lointaine, si perdue, qu’elle doutait de sa propre mémoire. Était-ce bien à elle qu’était arrivée cette fantastique aventure ? Avait-ce été des choses réelles, sa subite entrée dans un monde bien au-dessus de sa naissance, et où elle s’était si vite trouvée à l’aise, puis ce retour non moins subit dans ce cadre où elle avait pourtant grandi, où elle avait voulu revenir, qu’elle ne renierait jamais, et elle en souffrait par ses fibres les plus intimes ?

Oui, tout était vrai de cette brusque saute de sa destinée. Le paysage le lui jurait avec tous ses horizons, ces plantes de maquis