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réfléchi. Elle se sera dit : « Pascal est un brave garçon. Il m’aime. Vaut mieux que je l’épouse. »

Cette explication, si peu conforme à la vérité, et pourtant si vraisemblable, achevait de navrer le jeune homme, au lieu de le consoler. Mentalement, il se comparait, lui le cultivateur boiteux, à l’élégant cavalier, et son monologue intérieur se prolongeait, tandis que le convoi entrait au cimetière, que le prêtre prononçait les dernières prières et que le cercueil descendait dans la fosse, où le terrible secret du fratricide s’ensevelissait pour toujours, lui aussi.

– « Oui, elle m’épouse ; mais c’est par pitié, parce qu’elle a vu comme je souffrais. C’est par raison. Hé bien ! Je l’aimerai tant, qu’il faudra bien qu’elle m’aime à la fin… Qu’elle m’aime ? On ne peut pas m’aimer. Surtout elle, une presque dame ! Elle était si gentille avec moi, hier soir. Mais c’était pour moi. Ce n’était pas pour elle. »