Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/298

Cette page n’a pas encore été corrigée

trente-cinq ans de son extrait de naissance. Aujourd’hui, elle en avait quarante, cinquante. Elle n’avait plus d’âge. Elle avait été très jolie ; il lui restait de sa beauté une masse énorme de cheveux noirs et de grands yeux, noirs aussi, dont la flamme brûlait dans un visage amaigri par la mauvaise nourriture, tanné par le travail au grand soleil, et défiguré par la perte de plusieurs dents de devant, qui mettait comme un trou sombre dans sa bouche aux lèvres trop minces. Quand elle aperçut Virgile, un rictus crispa les coins de cette bouche méchante, et ses yeux dardèrent la haine ; mais il y avait un public, et ces signes d’une aversion presque animale, aperçus seulement par Couture et par celui qui en était l’objet, cédèrent la place aussitôt à un grand geste de démonstration théâtrale. Ses plaintes redoublèrent et devinrent des hurlements. De ses deux bras étendus, elle montra le lit au petit garçon qui tremblait de tout son