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l’heure, » dit la rustaude Marie-Louise, en considérant à son tour la jonchée des pins abattus et déjà dépecés. « Je vais la dételer et l’attacher à l’ombre, avec sa musette, et je reviens donner quelques bons coups de scie. Je finirai cet arbre pendant que vous mangez. »

Elle avait posé à terre le lourd panier d’où s’érigeait le col d’une bouteille, calée par un gros chanteau de pain. Elle en tira un quartier de reblochon (le fromage préféré des gens du pays), des pommes et des olives. Déchargée de son fardeau, elle descendait d’un pas leste vers la voiture, que la jument avait avancée de quelques pas, pour atteindre un jeune chêne dont la frondaison, échappée à l’incendie, la tentait. De ses lèvres allongées, la gourmande arrachait des feuilles, restées vertes, qu’elle mâchait en bavant sur son mors. Laurence, elle, après avoir embrassé son père, disait, en montrant un mince paquet coquettement enveloppé