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du bois qui s’étend de Costebelle à l’Almanarre. Il couchait là, sur un lit de branches de pins, à même la terre battue. Avec des briques ramassées de côté et d’autre, il s’était construit un âtre rustique, auquel il avait adapté un tuyau de tôle, recueilli dans des décombres, et qui dépassait à peine son toit, garni de tuiles cassées. Un peu de fumée, aperçue à travers les fûts des grands arbres, étonnait le promeneur étranger, qui demandait :

– « Mais qu’est-ce qui brûle, là-bas ? »

– « C’est le père Brugeron qui fait sa cuisine, » répondit l’indigène, interrogé ainsi.

La mine rubiconde du vieux mendiant attestait qu’il ne vivait pas de privations. Dans toutes les fermes on lui donnait : ici des œufs, là du fromage, plus loin du pain, ailleurs de la viande, du vin partout, de l’huile, du sucre, du tabac. Personne, jamais, ne l’avait vu dépenser un sou des aumônes