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pour l’avoir compris et quel danger il courait. Comment le jardinier l’avait-il reçu, dans son actuelle disposition d’esprit ? Laurence le revoyait, maniant son bêchard avec une colère à peine contenue. Il n’avait certes pas frappé l’enfant. Elle tremblait qu’il ne l’eût empoigné par la peau du cou, comme il l’avait dit, et traîné à son père. D’ailleurs, même si Pascal n’avait pas exécuté sa menace, comment lui demanderait-elle de se taire, à présent qu’un innocent était accusé, ce misérable Brugeron qu’elle connaissait depuis sa petite enfance ? Elle-même permettrait – elle une si criante injustice ? Brugeron était un vieillard de septante et tant d’années, – pour compter comme dans le Midi, – et qui vivait de mendicité depuis un temps immémorial. Il habitait, grâce à la charité d’un propriétaire indifférent, une hutte en pisé, jadis destinée à contenir des outils de jardinage, au bord d’un coin de vigne abandonné et sur la lisière