cette minute de plénitude intérieure et le geste qui fixerait pour toujours sa destinée. Le souvenir de Virgile lui en donnait un prétexte, et, se parlant tout haut : – « Il faut pourtant qu’il mange, ce petit. »
Comme la nuit précédente, elle passa dans la cuisine se munir de quelques provisions. Une seule crainte l’angoissait, cette fois, non pas que sa sœur, toujours à besogner dans le champ, lui lançât quelque brocard sur ses allées et venues, mais que, sur la route là-bas, à peine sortie de la maison, elle n’aperçut un automobile. On devine lequel. Bah ! Que Pierre Libertat se fût ravisé et voulût une autre explication, ce n’était qu’un ennui à supporter. L’incertitude était finie. Vaine appréhension, d’ailleurs ! Sur le long ruban poudroyeux ne se voyaient que les charrettes des cultivateurs, cheminant au trot ralenti de leurs bêtes. Laurence arriva ainsi à Pomponiana, sans autre rencontre. Là, un saisissement