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Il avait mis dans ce dernier mot une énergie dont Laurence connaissait la source. Elle savait quel regret l’enseigne démissionnaire gardait à l’uniforme quitté. Était-ce trahir Virgile que de se fier à cette parole ? Non. Elle hésita, pourtant, une minute. Mais c’était le seul moyen de le sauver. Et, comme tout à l’heure à Couture, dans les mêmes termes, avec le même accent, elle raconta la même tragique histoire, en épiant sur le visage de son nouvel auditeur des impressions qui, cette fois, lui glacèrent le sang à mesure qu’elle parlait. Chez Couture, une souffrance aiguë s’était unie à la révolte, au lieu que la physionomie du demi-noble de Toulon, écoutant ce récit de l’égarement d’un enfant du peuple, se tendait de plus en plus dans une sévérité voisine du dégoût. Le fantôme de lady Peveril passait derechef entre lui et la fille du jardinier.

– « Voilà une sale affaire » conclut-il brutalement. « Je comprends, mademoiselle