Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/241

Cette page n’a pas encore été corrigée

petites drôlesses ! » cria Libertat, en courant vers sa voiture, et d’un ton si menaçant que Laurence devina sa colère. Elle n’imagina pas, derrière cette irritation de l’automobiliste contre ces gamines, un autre motif qu’un despotisme qu’elle aurait reproché aussitôt à son tyrannique prétendant, s’il n’y avait pas eu Virgile.

– « Il ne le prendra pas ! » pensa-t-elle. « Si je lui disait tout ? »

Oui, il y avait Virgile, mais il y avait surtout Couture, et la terreur d’une visite de Libertat chez lui. Qu’elle eût lieu et c’était un conflit certain entre les jeunes gens que Laurence venait, à si peu d’intervalle, de sentir également frémissants, – avec cette différence que l’inquisition douloureuse de Pascal l’avait attendrie et que celle de Pierre allait l’exaspérer contre lui. Toute mêlée qu’elle fût au petit drame où se jouait l’avenir de Virgile, elle vivait, elle aussi, un drame à côté : celui de son cœur. Ses sentiments