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et fin. Cet air de famille se trouvait chez Marius, gâté par un je ne sais quoi d’un peu commun. C’était son père épaissi, avec une charpente plus robuste, une taille plus haute, des épaules plus larges, mais aussi un commencement de brutalité. Cette tare héréditaire se retrouve souvent chez ceux dont les ascendants ont trop travaillé de leurs bras. Le jeune homme avait mis un rien de cette brutalité dans sa façon d’appliquer à sa sœur aînée le sobriquet de Princesse, et, avant que le charreton ne fût à portée de la voix, son père le lui reprocha :

– « Tu ne seras donc jamais gentil pour Laurence, mon pauvre Marius ? »

– « Pas tant qu’elle fera la Madame, » répondit le frère. « C’est le même sang qui coule dans nos veines, et parce qu’elle a été deux ans chez une lady anglaise… »

– « Oui, » interrompit le père, soudain rêveur, « nous avons peut-être eu tort, la maman et moi, d’accepter que cette lady Agnès l’emmenât…