Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

monter aux lèvres de son interlocuteur :

– « J’ai vu travailler cet enfant. Il pioche la terre comme un homme. Et fidèle ! … Quand il vient des journaliers qui ne se croient pas surveillés et qui musardent, ce qu’il a vite fait de courir après eux, ce mioche, pour les rembarrer ! On dirait un chien de berger autour des moutons. Et ils lui obéissent… Ah ! C’est un charmant enfant et qui mérite bien de l’intérêt. »

En toute autre occasion, Pierre Libertat se serait dit, devant cette requête : « C’est un caprice de névrosée. » Il aurait considéré cette insistance angoissée comme le signe d’une naïve sensibilité. Sa jeunesse passée tout entière en mer lui avait donné sur la femme les idées simplistes que professent les hommes d’action. Ils lui refusent volontiers les qualités d’intelligence et de caractère. Ils ne voient guère en elle qu’une créature d’impressions, capable de beaux