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de vous que vous placiez cet enfant chez un de vos fermiers. »

Elle avait retrouvé son calme pour formuler cette demande. Elle s’en rendit compte, à la réponse du jeune homme : son premier cri avait été bien imprudent. Par son accent, par son geste, elle avait trahi une émotion trop forte. Comment en cacher la cause profonde ?

– « Qu’y a-t-il de grave, là dedans ? Rien de plus simple, au contraire, » avait-il demandé en la regardant, avec une curiosité étonnée maintenant.

– « Ce sont les rapports de cet enfant avec ses parents qui sont graves, » répondit-elle.

Cette explication de son trouble était bien gauche, si gauche que le rouge lui en montait aux joues.

– « Oui, » continua-t-elle, « ils sont très mauvais pour lui. Ils lui prennent tout l’argent qu’il gagne et ils le battent. Ça me crève le cœur