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Pierre Libertat, moins tragique, certes, que le crime involontaire du petit Virgile, mais aussi bouleversant pour lui, au cours de la crise sentimentale qu’il traversait. Il ne s’était pas mépris en interprétant comme il l’avait fait la froideur avec laquelle sa mère avait accueilli et traité Laurence dans sa confiserie. C’était vrai que Mme Libertat avait trouvé la jeune fille délicieuse, avec son charme si personnel, tout mêlé de raffinement et de rusticité. Elle en était demeurée saisie et inquiète, au point d’avoir mal dissimulé son antipathie. Une fois dompté ce premier réflexe, elle était trop diplomate pour heurter de front chez son fils une passion qui contrecarrait tous ses desseins pour lui, en même temps qu’elle déconcertait tous ses préjugés. Elle aussi, comme Mme Albani, connaissait son gars. Elle le savait obstiné, mais impulsif, entraînable au plus haut degré et allant alors jusqu’au bout de sa fantaisie, mais imaginatif et