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fils d’un grand marchand d’huile de Salon, qui l’avait abandonnée. Elle vivait à Marseille, on ne savait trop comment. – Ou, plutôt, on le savait trop. – Cette allusion provoqua chez Françoise Albani une réflexion où se trahissait le souci que lui donnaient, malgré tout, les imprudences possibles de son aînée :

– « S’il n’envoie pas sa mère demander notre Laurence aujourd’hui, c’est qu’il n’est pas brave. Et s’il n’est pas brave, Marius lui réglera son compte. Je connais mon gars. C’est encore heureux qu’il soit au bois, ce matin ! … »

Sur cette menace, la vieille femme recommença de déterrer ses « tartifles » ; mais elle s’était placée de telle manière, cette fois, qu’à chaque geste pour lever son bêchard, elle apercevait le couple des deux jeunes gens, en train de causer à l’extrémité de l’allée. Elle les observait d’un regard, également prêt à s’emplir d’amour ou de haine pour l’élégant