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crin, quelques pots, des papiers de verre, un tampon de toile, une éponge de Venise, des linges de linon, de la flanelle, tout cela rangé si soigneusement que la petite table en prenait une poésie, celle de l’intelligent et minutieux labeur. D’habitude la patiente ouvrière travaillait, penchée sur sa besogne, avec une attention qu’aucun bruit du dehors ne distrayait. Ce matin-ci, elle s’interrompait sans cesse, l’oreille tendue. À chaque minute, elle se levait, pour regarder par la fenêtre si elle n’apercevrait pas un cavalier avançant au grand trot de sa monture, et qui serait Pierre. À l’un de ces aguets, ce fut un automobile qu’elle entendit et découvrit au loin. Quelques instants encore, elle reconnaissait la voiture à l’appel de sa sirène d’abord, puis à la forme de son capot. Elle ne prit même pas le temps de poser un chapeau sur ses beaux cheveux noirs. Elle se précipita hors de sa chambre, sans plus se soucier des commentaires de sa mère et de sa sœur