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traînée par une grosse jument baie à toutes fins. Une basane blanche expliquait son surnom. Elle marchait avec la prudence d’une bête sagace, habituée à ne poser son sabot qu’à bon escient dans ces chemins du Midi, creusés d’ornières ou hérissés de cailloux glissants. Deux jeunes filles étaient assises sur la banquette. Celle que Marius avait ironiquement qualifiée de princesse tenait les guides avec des mains gantées. Un souple chapeau de feutre gris coiffait joliment la masse de ses cheveux noirs. Elle portait un costume tailleur de serge bleue. Cette toilette de dame contrastait avec la rusticité de la charrette et du harnachement, et plus encore avec la mise de l’autre. Un couvre-chef de paille noire, roussi au soleil et délavé par la pluie, chapeautait celle-ci, tellement quellement. Elle portait, sur sa jupe de lainage sombre, un panier à provisions, de ses mains nues, hâlées par le grand air comme son teint, au lieu que le visage de