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qu’elle consent… Tiens, toi aussi, va-t’en. Mais va-t’en ! … »

Il avait ramassé son outil de travail, et il déchirait la terre avec les trois dents de métal, en proie de nouveau à la frénésie. Pour la première fois depuis qu’ils se connaissaient, Laurence eut peur de son camarade d’enfance. Le reproche qu’il venait de lui adresser n’était qu’à demi juste. Elle n’avait été déloyale ni envers l’un ni envers l’autre des deux jeunes gens qui la courtisaient. Elle n’avait été qu’indécise. Mais l’indécision d’une femme, par ses silences, par ses ménagements, si elle est tendre de cœur et ne veut pas faire souffrir, ressemble tant, pour celui qui souffre tout de même, à de la déloyauté ! Comment plaider sa cause devant cet homme, rendu sauvage par une double blessure ? Il saignait dans ses deux rêves : sa paternité d’adoption et son amour. Quelles paroles trouver pour l’apaiser ? D’ailleurs, le temps pressait. Ce refus de