Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/196

Cette page n’a pas encore été corrigée

jamais la maison seule, passé le soir. Il n’y a pas que le mal que nous commettons. Il y a ce qui se dit de nous. Ton nom, c’est mon nom, et mon nom, c’est moi-même. Je ne veux pas que d’autres pensent et disent de toi ce qu’a pensé ton frère et qu’il t’a dit, puisqu’il t’a insultée, c’est ton mot. Tu m’obéiras. C’est juré ? »

– « C’est juré, papa, et merci. »

Elle vint vers Albani, qui lui tendit sa rude joue, où la barbe, rasée du dimanche, mettait toute la semaine comme un revêtement de crins blancs. Ce signe de vieillesse ne l’avait jamais émue davantage. Il demeurait, dans l’arrière-fond des prunelles du père, une tristesse persistante qui faillit arracher à la fille l’aveu de l’emploi de sa nuit. Cette totale absence d’enquête, dans une si évidente préoccupation, lui donnait un remords de n’y point répondre par une franchise totale aussi. Ce remords fut vite dissipé par une phrase que lui dit sa mère, à