Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée


Et, s’adressant directement au chef de la famille :

– « Papa, je suis sortie pour une charité. Mais je ne dois pas la dire. »

Elle insista :

– « Je ne dois pas. »

Il y avait sur la cheminée de la chambre conjugale des Albani un étrange souvenir de famille. Sous un globe de verre, un menu socle en bois noir supportait un coussinet de velours rouge aux amples capitons. Trois petites glaces miroitaient aux angles. Une branche de feuillage en cuivre doré les reliait entre elles. Deux rameaux partaient de ces branches et se rejoignaient en haut. Là, une colombe en plein vol planait un ruban au bec. Sur le coussin, une couronne de fleurs d’oranger, toute poussiéreuse et ternie, reposait, depuis le quart de siècle et plus qu’Antoine Albani avait épousé sa femme. D’un mouvement brusque, Laurence marcha vers cette pauvre