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ta prière du soir et demande pardon au bon Dieu. »

Elle-même s’était mise à genoux. Il l’imita et tous deux commencèrent de réciter le Pater et l’Ave Maria devant le vaste ciel plein de lune et d’étoiles. Leurs voix se mêlaient à la rumeur des lames qui déferlaient à quelques pas : celle de Laurence assourdie et accompagnant, soutenant seulement l’autre. Cette prière d’un enfant, coupable, par imprudence et par égarement, d’une si funeste action et resté cependant droit de cœur, montait ainsi dans la solitude de ce paysage nocturne. Ces deux simples sentaient obscurément la tragique solennité de leur geste, et quand, relevé de cet agenouillement, ils s’embrassèrent pour se séparer, ils ne prononcèrent pas un mot, comme s’ils craignaient, en se parlant, de profaner en eux quelque chose de sacré.