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que les morts y puissent ainsi communiquer leur pensée aux vivants, à l’insu même de ceux-ci ? Se dégage-t-il de certaines personnalités, même à travers les années et l’absence, une action qui se prolonge indéfiniment, sans que nous la sentions ? Pour la première fois, Laurence comprenait intimement, profondément, le sens de cette charité qu’elle avait si souvent, et encore ce soir, presque reprochée à sa bienfaitrice. Comme une influence émanée du doux fantôme l’invitait à devenir la lady Agnès du petit Virgile. Alors, elle ne pourrait plus se dire : « Où m’a-t-elle menée ? » Où ? Mais à cela, mais à préserver ce petit. La bienfaisance de la morte aurait son plein accomplissement pour cet autre, à travers elle. Encore une fois, elle eût été bien incapable d’exprimer ces idées, de les analyser, de se les formuler même. Elle les vivait, à cette minute, par ces portions à demi inconscientes à l’être où s’amasse le trésor