Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/174

Cette page n’a pas encore été corrigée

Laurence sentit l’étreinte de ces petits bras se détendre, la petite tête s’appuyer plus lourde… Cette espèce d’abandon animal du malheureux, cette entière confiance dans un tel désespoir achevaient de lui toucher le cœur jusqu’au fond. Toute la destinée du petit garçon se représentait à son esprit, et les qualités natives qui avaient attaché Couture à ce délaissé : – les duretés du père Nas et de la marâtre, le travail servile imposé à l’enfant si tôt, son regard de bête battue et traquée quand elle le rencontrait autrefois, la flamme de reconnaissance qu’elle avait vue luire dans ces yeux quand Couture l’avait pris avec lui, son zèle à besogner sur le domaine, ici piochant de ses bras de douze ans avec l’énergie d’un homme, là courant porter le grain aux poules, d’autres fois arrachant l’herbe parasite dans les sillons de la vigne, vendangeant, et sa tête émergeant à peine des ceps aussi hauts que lui. Quelle vaillante