Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

base du pin qui frémissait à mesure que les dents de métal mordaient plus avant. À un moment, la haute cime se prit à vaciller. Tout d’un coup, elle s’abattit, dans un brusque et retentissant craquement du tronc, et l’immense ramure desséchée s’écrasa contre la terre, qu’elle joncha de ses innombrables branchages cassés. Antoine Albani posa sur le fût mutilé la lame de la loube, en abandonnant la poignée, dont la pesanteur fit se plier la minceur du fer. Il regarda autour de lui les arbres précédemment coupés qui gisaient de-ci de-là, et, joyeusement :

– « La maman l’avait bien dit. Nous en aurons pour quatre jours à débiter le lot. C’est égal ! Ce sera moins long que d’aller, comme les autres années, chercher de quoi nous chauffer, là-bas, dans les Maures. »

Il montrait de sa main, tannée et cordée de veines, la ligne des montagnes qui se profilaient, à la distance de plusieurs lieues,