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Tout en se dirigeant vers l’escalier, le décor, familier pourtant, de la dure vie de travail menée par les siens lui serra le cœur : la bastide mal recrépite et qui semblait plus vieille, plus dégradée, dans le demi-jour du crépuscule ; les pelles, les pioches, les charrues encore souillées de terre et abandonnées devant la porte de la grange ouverte, où se profilaient les tonneaux, les paniers, les arrosoirs. Arrivée en haut des marches, elle s’arrêta. Elle entendait Marius siffler en dételant le cheval, Marie-Louise et sa mère bavarder dans la cuisine, tandis qu’Antoine Albani considérait avec attention le tas de bois qu’ils avaient, son fils et lui, rapporté de la forêt incendiée. Oui, tout cela était bien pauvre ; mais quelle solidité dans cette vie simple, quelle poésie cachée dans cette servitude de la glèbe, si bravement, si quotidiennement acceptée ! « Châtelaine… » Le mot ensorceleur se prononça de nouveau dans la pensée de Laurence. Non. Elle, l’enfant de ce