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La jeune fille s’était remise à marcher. Elle entendit le pas du hardi garçon s’éloigner sur le sol de cette route du Midi, desséchée et durcie par tant de jours de soleil sans pluies. Il semble aussi que ces soirs de clarté, comme était celui-là, aient une qualité d’air plus sonore. Laurence s’appliquait à ne pas aller vite, par crainte de donner au compagnon redoutable dont elle se séparait une impression de fuite, et, par conséquent, de terreur. À quelque distance seulement, et sûre de n’être pas entendue, elle se hâta. Elle devait, pour arriver chez elle, passer devant la gare du chemin de fer de Paris-Lyon, par où se font les expéditions de fleurs et de légumes. Elle reconnut le charreton des Albani, attelé de la jument Pied-Blanc. La paisible bête attendait, le mufle dans sa musette et savourant son avoine, tandis que Marius et Marie-Louise enregistraient les caisses de pommes de terre et les bannes de violettes. Le frère aperçut