Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/153

Cette page n’a pas encore été corrigée

avec Couture et le timbre brisé de sa parole Quelle sensibilité chez le protecteur anxieux du pauvre petit Virgile, et quelle âpreté, au contraire, dans les phrases où Pierre Libertat jugeait sa mère ! Tandis qu’il parlait, oui, la tentation avait traversé l’esprit de Laurence. Ce mot de « châtelaine » avait chatoyé devant elle, évoquant une royauté campagnarde, dont l’idée satisfaisait à la fois ses instincts de paysanne et ses appétits de dame. Le chiffre d’hectares donné par le jeune homme s’était traduit pour la fille d’Antoine Albani en une vision quasi concrète. Son père en possédait seize, Pascal Couture dix-huit. Les vignes, les prairies, les champs d’oliviers, les bois de chênes verts s’étaient développés devant ses yeux. En même temps, son âme avait eu comme froid. Elle n’aurait pas su en expliquer la cause : elle avait éprouvé une impression de profonde défiance, que contredisait une réalité irréfutable, cette demande en