Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mière ce tableau de ruine. Pas un bruit, que le courageux ahan du bûcheron suivi du heurt du fer contre le bois. Un papillon attardé errait autour des deux hommes, cherchant le soleil, – blanc avec des raies fauves. Albani s’arrêta de son travail pour s’essuyer le front de son mouchoir. Le déploiement de la toile fit s’enfuir la bestiole de son vol inégal et tremblotant.

– « Voilà qui suffira, » dit-il. « Pas besoin de passer la corde au cou à ce gaillard pour diriger sa chute. » – Il montrait à son fils l’inclinaison du grand arbre. – « Le mistral s’est chargé de le virer dans le bon sens. Passe-moi la loube, et allons-y. »

Les deux hommes empoignèrent chacun une extrémité de la longue et souple scie, et ils commencèrent d’enfoncer la lame brillante dans l’encoche. La rumeur rythmée des allées et venues du robuste outil emplissait maintenant la colline. Une poussière de bois, odorante et rougeâtre, s’amassait à la