Page:Bourget - Laurence Albani, Plon-Nourrit.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pourquoi s’y était-elle exposée ? Les deux jeunes gens restèrent ainsi plusieurs minutes sans échanger un mot, le temps de sortir de la ville et de repasser sous le pont, tout près de la place où, quelques heures plus tôt, Pascal Couture déclarait à Laurence, si tendrement, si douloureusement, sa volonté de vendre sa bastide et de s’expatrier. C’était, à présent, le rival opulent du pauvre goy qui lui parlait, en la pénétrant, en la dominant de son regard, plus impérieux que passionné, celui d’un homme chez lequel un caprice d’un jour s’est exaspéré, par la résistance, jusqu’à lui donner l’illusion d’un véritable amour.

– « Mademoiselle, » avait-il repris, « si je vous dis que la mauvaise humeur de ma mère ne prouve pas qu’elle ait eu de vous une impression fâcheuse, au contraire, c’est qu’avant de lui demander de vous présenter, nous avons eu une conversation que vous me pardonnerez de vous répéter. D’ailleurs,