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tait sous le fer. Le cœur de l’arbre commençait d’apparaître dans l’entaille. Le suintement gras de la résine engluait l’arme, attestant que la flamme avait surpris le puissant végétal en pleine sève. La violence du feu avait été terrible, à juger par l’étendue des ravages dont la colline – une de celles qui séparent Hyères du golfe de Giens – portait la trace. Un vaste bois de pins séculaires, pareils à celui contre lequel s’escrimait Albani, ne montrait plus à ses cimes que des aiguilles roussies, parmi lesquelles se détachaient en noir sur le ciel bleu les petites boules calcinées des pommes. Ces pins étaient morts, morts aussi les arbustes qui, l’autre printemps encore, habillaient cette pente provençale d’un revêtement de maquis. Des squelettes de branches carbonisées hérissaient, aujourd’hui, le sol dénudé que jonchaient des pierres, brunes de fumée. Une claire et tiède matinée de décembre enveloppait d’une gloire de lu-